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L'ascension d 'Isaïe - Apocryphe - complet (Rare)









Isaïe

Introduction

L'ascension d'Isaïe (Ésaïe)

L'ascension d'Isaïe est un texte apocryphe judéo-chrétien composite dont la version définitive pourrait dater du deuxième quart du Lié siècle de notre ère.

Elle se compose de deux parties : 1. Le Martyre d'Isaïe; 2. La Vision d'Isaïe.

La première fut originairement écrite uniquement en hébreu. Son texte original est l'œuvre d'un juif qui raconte les persécutions du prophète Isaïe sous le règne d'un mauvais roi de Juda, Manassé. Excédé par les reproches que lui adressait sans cesse le prophète à propos de ses impiétés, Manassé aurait fini par le faire mettre à mort en le coupant en deux au moyen d'une scie à bois.

Cette œuvre ne figure toutefois pas au canon officiel des écritures juives.
Aussi n'en possède-t-on aucun manuscrit complet, ni en hébreu ni en d'autres langues : on n'en connaît qu'une version éthiopienne rédigé en guéèze, dont on parlera plus loin, et quelques extraits en grec, en latin et en copte.

"Le Martyre d'Isaïe" sera, on ne sait exactement à quelle époque, récrit par un chrétien qui en adaptera le texte à ses propres conceptions et y ajoutera une deuxième partie, " La Vision d'Isaïe" : tandis que le prophète est martyrisé sur terre en son corps, sol âme monte à travers les cieux vers le domaine du Dieu suprême de lumière et de bonté; il y retrouve tous les justes de l'ancienne Loi et assiste à l'ordre que le Dieu-Père donne à son Fils d'aller sauver les hommes.
Du haut de l'Empire Isaïe contemple alors comment celui qui dans le monde, sera appelé Jésus s'acquitte de sa mission, puis remonte dans l'Empyrée rejoindre son divin Père.

Cette œuvre, ainsi complétée, fait partie de la Bible canonique des chrétiens d'Éthiopie. C'est pourquoi la seul version complète qu'on en connaisse est rédigée en guéèze, la langue liturgique de ces dernier.

Enfin, la deuxième partie, la "Vision d'Isaïe", sera adoptée comme écriture saints par les Bogomiles et les Cathares du Languedoc. On connaît donc plusieurs versions, en plusieurs langues, y compris en traduction française et en latin, de cette deuxième partie de l'œuvre.

Mais il est impossible à d'autres qu'à des spécialistes de reconstituer à peu près exactement ce que fut le texte original hébreu du " Martyr d'Isaïe". Aussi nous sommes nous à établir une version française intégrale du texte de l'ascension d'Isaïe dans son état définitif.

Tel qu'il est, ce texte est sans aucun doute de tendance nettement gnostique. On y retrouve principalement des thèmes ophites, satorniliens et Valentinien. L'un des passages les plus saisissants sans doute de la narration est celui du chapitre XI, 19-20, où"les enfants d'Israël" livrent "au roi", pour le faire mourir, l'incarnation du Filsbde Dieu, ne sachant pas qui il est.

Ce thème a été abondamment repris dans les textes chrétiens, tant canoniques qu'apocryphes. C'est ainsi qu'une des paroles de Jésus en croix aurait été selon le Luc canonique : " Père, pardonne leur : car ils ne savent pas ce qu'ils font" / (XXIII, 34+, première phrase). Il est à noter pourtant que cette parole ne figure pas dans tous les manuscrits des évangiles canoniques (1), ce qui est d'ailleurs étrange, car dans les Actes des Apôtres, Pierre y fait allusion lorsque, s'adressant au peuple de Jérusalem, il dit : "Cependant, frères, je sais que c'est par ignorance que vous avez agi, ainsi d'ailleurs que vos dirigeants" (III 17). Et Paul plus tard, haranguant la foule à Antioche de Pisidie, déclarera : "Les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont accompli sans le savoir les paroles des prophètes qu'on lit a chaque sabbat..." (Actes, XIII, 27). De même dans "Le Deuxième Traité du grand Seth" (NHVII-2), tout un développement tend à montrer qu'en croyant tourmenter, puis mettre à mort, celui qui pour les Sethiens, était une réincarnation de Seth, les juifs ont pris un autre pour lui (2). De même encore, dans l'Apocalypse séthienne de Pierre (3), est il exposé que ceux qui étaient occupés sous les yeux de Pierre, à crucifier quelqu'un se trompaient complètement quand à la personnalité de ce dernier.

Tous ces textes tendent, semble-t-il, à innocenter le peuple juif, en particulier les habitants de Jérusalem et même "leurs chefs", du meurtre du Sauveur, contrairement à la tendance anti-juive qui se fera jour parmi les chrétiens lesquels les accuseront un vraisemblablement de " déicide" comme s'il était possible de faire mourir un dieu, par nature immortel...

Ce thème n'a même d'ailleurs pas eu seulement pour sujet l'homme Jésus ou celui qui aurait, par erreur, été prix pour lui. On à vu que l'apôtre Paul aurait selon les Actes des Apôtres, imputé cette erreur, comme Pierre l'avait fait auparavant aux juifs de Jérusalem. Mais, dans ses Épîtres, c'est aux "archontes" qu'il attribue cette même erreur (cf. Cor. IV, 3-6) (3).

Il convient aussi, à ce propos, de rappeler que pour certains gnostiques le rôle de Judas l'Iscariote dans cette affaire n'avait pas été aussi odieux que le prétendent les Évangiles canoniques. Sachant que le salut des hommes dépendait de la passion du Sauveur (quelle que soit l'identité exacte de ce dernier), Judas n'aurait fait en le "livrant" aux autorités, que concourir efficacement aux desseins du Dieu suprême (4). Selon certains caïnites même, c'est lui, Judas qui aurait finalement été "pendu au bois" à la place de celui que les dirigeants juifs avaient condamné (6).*.

Comme on le voit, ce texte apocryphe, apparemment peu important, qu'est "L'Ascension d'Isaïe" occupe en réalité une place non négligeable dans la littérature sacrée des début du christianisme. C'est pourquoi il ne nous a pas paru sans intérêt de donner connaissance aux érudits de langue française le texte, tel que nous nous sommes employé à le reconstituer dans sa version intégrale, de cette œuvre, alors que la plupart des autres éditeurs scindent les deux parties, ce qui répond à un souci de clarté assurément en sou fort jouable, mais les résultats ne sauraient en être qu'aléatoires, vu les particularités, rappelées ci-dessus, du processus d'élaboration de cette œuvre composite qui a, comme telle, été en grand honneur parmi de nombreux chrétiens gnostiques du IIe au IVe siècle de notre ère.

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(1) mais elle se trouve dans un fragment de l'Évangile apocryphe de Nicodème.

(2) N°s 14 à 17 dans l'édition des textes gnostiques de Shenesêt.

(3) N°s 23 et 25 de la version parue dans Orphée

(4) Cf. Notamment Charles Guingnebert "Le Christ"

(5) Voir note Carlo Suarès " La Bible restituée"

(6) Voir Robert Ambelain " Les lourd secrets du Golgotha"

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