L’ALLOGÈNE
(NH XI, 3)
Traduction de Madeleine Scopello
(les lignes 1 à 5 manquent) [ . . . . . . . . . . . . ] car ils sont les par[faits Individue]ls et ils demeurent tous [dans un] lieu, [étant un]is.
L’[Intellect], le Gardien [que] je [t]’ai envoyé, [10] t’a instruit et c’est la puissance qui [es]t en toi qui s’est éte[ndue], car, maintes fois, [tu t’es ré]joui dans le Trois fois puissant, ce[lui de] tous les v[éritablement] existants, [15] avec l’Incommen[surable], la [lum]ière éternel[le de] la connais[sance] qui s’est révél[ée], la [Gloir]e mâle et vierge, [le premier] des Éons, issu d’un [20] triple [Éo]n unique, [le] Trois [fois] puissant [véritablement existant].
En effet s’étant [unifié, il se déplo]ya et [en s’éten]dant il devint pa[rf]ait.
[25] [Et] il reçut [pui]ssance d’[eux t]ous, en [se con]naissant [par l’I]nvisi[ble] Esp[rit parfait] et il dev[int un] Éon.
En se connaissant [elle-même], [30] elle (sc. Barbélô) connut celui-[l]à (sc. l’Invisible Esprit) et elle devint Ca[ch]é, [parce qu’]elle agit en ceux qu’elle [con]naît.
Il (sc. l’Éon de Barbélô) est [H]armédon, Intellect Pre[mi]er [35] Manifesté, parfait, [in]visible.
[Or], en donnant puissance aux Individuels, elle (sc. Barbélô) est Trois fois mâ[le].
En étant individuellement (les lignes 1 à 5 manquent) [en étant d’une part des Indi]viduels, [ils sont dans un] lieu d’autre part, [du fait qu’elle (sc. Barbélô)] est une Exis[ten]ce qui [leur] est propre, et qu’elle (les) vo[it] tous, véritablement exist[ants].
[10] [Elle] possède l’Au[toenge]ndré divin.
Quand elle eut c[onnu] sa propre Exis[tence] et qu’elle se fut dressée [au dessus de] celui-ci (sc. l’Autoengendré), <elle> a vu t[ous] ceux [qui] [15] existent individuellement comme [ils] sont.
Et [si elle] devien[t (ce que)] lui est, [elle] verra le [Tr]ois fois mâ[le] divin, la Puissance qui est au-des[sus de] [20] Dieu.
[C’est] (sc. le Trois fois mâle) la pen[sée] de tous ceux qui s[ont dans] un lieu.
S’il (sc. le Trois fois mâle) [les contemple, il] contemple le grand [In]tellect
[ . . . . . . . ] [25] mâ[le] [Premier Manife]sté ; il est anté[rieur à] ceux-ci. [Mais] s’[il (sc. le Trois fois mâle)] la voit, [il voit aussi les vérita]ble[ment existants, étant] antérieur [à ceux qui sont] [30] dans [un] lieu.
Celui-ci (sc. le Trois fois mâle) alors, quand il les [a vus], il a vu le Ca[ché]. Et s’il v[oit] un des cach[és, il] voit l’Éon de Barbélô. Quant à [la] 35 génération inengendrée de Ce[lui-là], si quelqu’un v[oit] comment il v[it] (les lignes 1 à 4 manquent) [5] [ . . . . . . . tu as enten]du [à propos de] l’excellen[ce de] chacun d’entre eux [un (enseignement) so]lide.
En ce qui concerne l’Invisible Esprit Trois fois puissant, écoute ! [Il] existe en tant qu’Un [10] invisible, [in]compréhensible pour tous, en les possédant tous en [lui]-même, car [ils] existent tous à cause [de lui].
Il est parfait et [15] il est [au-de]là de la perfection, et il est bienheureux, [étant] Un en tout temps et [il] existe [en] tous [ét]ant ineffable et ne pouvant être nommé, [20] étant [Un], existant par [to]us — [viendrait-on] à [le] penser [qu’on ne vou]drait rien [qui soit antérieur] à lui parmi ceux [25] [qui possèdent] une existen[ce] — car [c’est lui] la so[urc]e de [laquelle ils furent tous émis.
Il est antérieur à la Perfect]ion.
Il [éta]it [30] [antérieur] à [toute] Divinité [et] il est anté[rieur à] toute Béatitude.
Il pourvoit à toute puissance et <il est> une substance qui n’a point de substance, [35] un Dieu au-dessus duquel il n’y a point de divinité, lui dont rien ne surpasse la grandeur et la beauté.
(les lignes 1 à 5 manquent) [pu]issance.
Il [n’est pas impossible pour eux (sc. les Individuels)] de recevoir une révélat[ion] d[e] ces choses s’[ils] s’assemblent.
Puisqu’il est impossi[ble] pour [10] les Indi[vidu]els de saisir le Tout qui se trou[ve d]ans [le] lieu qui est au-delà de la perfection, ils y prennent
alors part à travers une pré-pe[ns]ée, non [à] la manière de l’Être, ma[is], [15] il (sc. l’Invisible Esprit Trois fois puissant) procure l’[Ê]tre avec l’(aspect) caché de l’Existence, en [pou]rvoyant à toute chose.
Celui-ci en effet ne saurait être que s’il se pense lui-même. Car [Un] est celui-ci [20] qui subsiste comme une ca[use vé]ritable et une source, et [une matièr]e sans matière, un [nombre] sans nombre, [une forme sans] forme, une [figure sans] [25] figure, u[ne non puissance et] une [p]uissance, une [substance sans] sub[stance, un mouvement sans mouvement, une activité sans act]ivité e[t il est [30] un pour]voyeur de [la provision] e[t] une divinit[é d]e divinité.
[Ma]is [s’]ils y prennent part, ils prennent part à la Vitalité première et 35 à une activité indivise, une hypostase de la première (activité) de l’Un, véritablement existant.
Or une deuxième activité . [ . . . . . . . . . . . . ] cependant, est le/la [ . . . . . . . . . ] (les lignes 3 et 4 manquent) [5] [ . . . . . ] . . . [ . . . . . ] il (sc. le Trois fois puissant) poss[ède] Béati[tude] et Bon[té] ; car [s’]il (sc. le Trois fois puissant) est pensé comme [celui qui] traverse l’étendue illimi[tée] de [10] l’Invisible Esprit [qui sub]siste en lui (sc. le Trois fois puissant), elle (sc. l’étendue) le tourne vers [elle de] sorte qu’elle connaisse [ce qui] est en lui (sc. l’Invisible Esprit) et la manière dont il [e]xiste, et (de sorte) que [15] celui-ci (sc. le Trois fois puissant) devienne un salut pour tous, étant cause pour les véritablement existants.
Par lui (sc. le Trois fois puissant), en effet, la connaissance qu’il a (de l’Invisible Esprit) est devenue accessible [20] car c’est lui (sc. le Trois fois puissant) qui connaît ce qu’il (sc. l’Invisible Esprit) est.
Ceux-là en revanche ne produisirent rien à l’[ext]érieur d’eux-mêmes, n[i] Puissance ni Rang ni Gloire ni Éon, [25] car ils sont tous des éternels.
La Vitalité, la Connaissance et l’Être, c’est lui.
Or donc, ce dernier (sc. l’Être) possède constamment sa [30] Vitalité et l’Intelligibilité {et la Vie}, alors que la Vitalité possède la Non-substantialité et la Connaissance, (et que) l’Intelligibilité [35] possède la Vie et l’Être.
Et les trois sont un, bien qu’ils soient trois, individuellement».
Alors moi, quand j’eus entendu cela, mon fils [Messos, je fus rempli] d’effroi et [je me tournai vers la] multitude. . [ . . . . . . . . . . . . p]ensée [ . . . ] (les lignes 4 et 5 manquent) [donne] puissance [pour qu’ils]puissent connaître ces choses [par] une révélation [sup]érieure. Quant à moi, j’en fus cap[able], bien que revêtu de chair.
[10] [J’ai] entendu de <sa> part ces choses.
Et c’est à cause de l’enseignement qu’elles contiennent, que la pensée qui est en moi a distingué c[e] qui dépasse [la] mesure et ce qui est in[c]onnaissable.
[15] Voilà pourquoi je crains que mon enseignement ne soit allé au-delà de ce qui convient.
Alors, ô mon fils Messos, celle de toutes les Gloires, [20] Youel, me parla à nouveau.
Elle me fit une révélation et me dit : «Personne ne peut entendre ces
(révélations), sauf les Grandes Puissances elles-[mêmes], ô Allogène.
Tu as été revêtu [25] d’une grande puissance, dont t’a revêtu le Père du Tout, l’éternel, avant que tu ne viennes en ce lieu, afin que tu puisses discerner les choses qui sont difficiles [30] à discerner, que tu puisses connaître les choses qui sont inconnaissables pour la multitude ; afin que tu t’échappes en remontant vers ce qui est tien, ce qui [35] est déjà sauvé et qui n’a pas besoin d’être sauvé.
(les lignes 1 à 5 manquent) . . [ . . . ] . [ . . . . pour] toi [une] forme et une [révéla]tion.
L’Invisible Esprit, Trois fois [puissant], c’est hors de lui que [se trouve] 10 une connais[sance] indivisible, incorporelle, [éter]nelle.
À la manière de to[us] les Éons, l’Éon de Barb[él]o existe en possédant aussi les modèles [15] et les formes des véritablement existants, l’image du Caché. De plus, il possède la parole intelligible de ces choses, en portant l’Intellect mâle [20] Premier Manifesté à la manière d’une image. Il agit aussi dans les Individuels, soit par un art, soit par une scien[c]e soit par une nature [25] particulière.
Il possède l’Autoengendré divin à la manière d’une image.
Il connaît enfin chacun de ceux-là en agissant particulièrement et [30] individuellement, continuant à rectifier les défaillances imputables à la nature. Il possède le Trois fois mâle divin comme un salut pour tous, [35] ainsi que l’Invisible Esprit.
C’est une parole issue d’un dessein que cet Enfant parfait. Et cette hypostase unique (les lignes 1 à 6 manquent)
[mon â]me [devint] faible et [je] m’enf[uis, je fus] très [trou]blé [et je] me retournai en moi-mê[me]. [10] Je vis la lumière [qui] m’[ent]ourait et le bien qui était en moi. Je devins dieu.Ensuite celle de toutes les Gloires, Youel, me toucha [15] et me rendit force.
Elle dit : «Puisque ton instruction est devenue parfaite et que tu as connu le bien qui est en toi, écoute, au sujet du Trois fois puissant, les propos que tu [20] garderas dans un grand silence et un grand mystère, car de tels propos on ne les dit à personne, sinon à ceux qui en sont dignes, ceux qui possèdent le pouvoir [25] d’entendre.
Il ne convient pas non plus de les communiquer à une gent ignorante du Tout qui est au-delà de la perfection.
Or, tu possèdes <une grande puissance ; écoute donc> au sujet [30] du Trois fois puissant, celui qui existe en Béatitude et en Bonté, celui qui est cause de tous. C’est en lui que réside [35] une grandeur éminente.
C’est en tant qu’Un qu’il existe dans un (les lignes 1 à 5 manquent) de la pre[mière pensée, celui qui] ne déchoit pas ho[rs de ceux qui se trouvent] dans une compréhension [ et une connaissan]ce et une scie[nce.
Et] [10] il s’est mû sans mouvement, celui-là qui est au gouvernail, afin de ne pas sombrer dans l’illimité par une autre activité de la [15] connaissance. Et il est entré en lui-même. Il apparut comme établissant toute limite.
Le Tout qui est au-delà de la perfection précède certes la connaissance, [20] ainsi (tu) ne (seras pas instruit à son sujet) par moi puisque il n’est pas possible que la compréhension parfaite soit connue. Et ainsi (en va-t-il pour) cela.
Concernant le troisième silence de la [25] Connaissance, la deuxième activité indivise qui est apparue depuis la première pensée, qui est l’Éon de Barbélô, l’indivis [30] parmi les ressemblances divisibles, le Trois fois puissant, l’Existence non substantielle et la Puissance.
Elle (sc. la Puissance) est apparue grâce à une activité tranquille [35] et silencieuse, bien qu’elle eut émis un son comme ceci : ZZA ZZA ZZA.
Mais quand elle (sc. Youel) eut entendu cette Puissance et qu’elle fut remplie (les lignes 1 à 6 manquent) [ . . . . . . . . .]
« Mais [toi] tu es [grand, Dèiphane]us, Solmis,
[tu es grand s]elon la Vitalité [qui est tienne]
et la première acti[vi]té
[10] dont est issue la Divinité,
tu es grand Armèdôn,
tu es parfait Épiphaneus.
Mais selon l’activité qui est tienne,
la Deuxième Puissance
[15] et le Savoir dont émane la Béatitude,
(tu es) Autoêr, Béritheus,
Èrigénaôr, Oriménios,
Aramen, Alphlégès,
Élélioupheus, [20] [L]alameus,
Iétheus, Noétheus.
Tu es grand,
celui qui [te] connaît connaît le Tout.
Tu es Un, tu es Un,
le Bon, Aphrèdôn.
Tu es l’Éon des [25] Éons,
celui qui est toujours ».
Alors elle bénit l’Un-Tout, en disant ceci :
« Lalameus, Noé[th]eus,
Sènaôn, Asine[us],
[O]riphanios, [30] Melléphaneus,
Élémaôni, Smoun, Optaôn.
(Toi) qui es, tu es celui qui est,
l’Éon des Éons,
l’Inengendré qui transcende les inengendrés,
[35] Iatomenos, c’est pour toi seul
que furent engendrés tous les non-nés,
celui qu’on ne peut nommer »
>(les lignes 1 à 10 manquent) [ . . . . . . . . . . . . . ] savoir».
[Moi, donc, après que j’eus enten]du ces choses, je [vis les Gloires] des Individuels [parfaits et] les tout parfaits, [15] [ceux qui sont dans] un lieu ainsi que les [Touts qui] précèdent les parf[aits].
Elle me dit [à nouveau, celle des grandes] Gloires, Youel : «[Allogè]ne, [20] sache avec [certitude] que le [Trois fois puissa]nt existe av[ant ceux qui] n’existent pas, [ceux qui existe]nt, tout en n’existant [pas véritablement], ceux qui existent, [25] [ainsi que ceux qui ex]istent véritablement.
[Et tous ceux-ci] existent [en Divini]té, [Béatitude,] Existence, [non]-substance et [30] [Existence] sans être.
[Je] priai [alors] pour qu’[une révéla]tion me fût accordée.
[Puis] elle me dit, [celle de] toutes les [Gloires], Youel : [35] «[Le Trois fois] mâle est, d’une part, [un autoengen]dré, étant [quelque chose selon] une substance ; d’autre part, le (?) est [une non-substantiali]té, >(les lignes 1 à 8 manquent) [h]ors [ . . . . . . . . . . . . . . . ] [10] ceux qui existent [en associa]tion avec la [g]é[nération de ceux qui] existent vé[ritablement].
Les auto[engendrés e]xistent pour (?) le Tr[ois fois mâle].
[15] [S]i tu [cherches par une] recherche appro[fondie, alors] tu connaîtras le [bien qui est] en toi.
Alors tu [te connaîtras toi-]même (comme) celui qui [est issu du] [20] Dieu qui [préexiste] véritablement.
Apr[ès cent ans, en effet,] t’[adviendra] une révélation [de Celui-ci] par l’intermédiaire de [Salamex], [25] Sémen et [Armè, les] Luminaires de [l’Éon de Bar]bélô. Et [elle me dit :] il faut que tu [le connaisses] d’abord, de sorte que [tu ne souffres pas de la perte de ta] [30] race.
[Mais s]i [ . . . . . ] alors, < >.
Si [tu obtiens] une pensée [de Celui-ci, alors] tu es comblé [par] la parole en vue [de la plénitude] [35] et alors tu [deviendras di]eu et [tu seras parfait . . ] d’une part [ . . . . . . . . . . ] (les lignes 1 à 4 manquent) [5] [ . . ] . . la recherch[e . . . . . . . . . . . . . ] l’Existen[ce . . . . . . . . . ].
Si elle [saisit que]lque chose, elle est sai[sie par] cela et par [10] cela qui est compris, qui est cela même. Et alors celui qui comprend et qui connaît est plus grand que celui qui est compris et [15] qui est connu.
Mais s’il descend vers sa nature, il devient inférieur ; en effet les natures incorporelles ne furent associées à aucune grandeur, puisqu’elles ont [20] cette capacité d’être partout et de n’être nulle part ; elles sont supérieures à toute grandeur et inférieures à toute petitesse».
Or, après que celle de toutes les Gloires, [25] Youel, eut dit cela, elle se sépara de moi et me quitta.
Quant à moi, je ne fus pas découragé par les paroles que j’avais entendues ; je me préparai en elles 30 et je passais cent ans à délibérer en moi-même.
Pour ma part, je me réjouissais beaucoup car j’étais dans une grande lumière et dans un chemin de béatitude, [35] car les choses que j’avais été digne de voir et aussi celles que j’avais été digne d’entendre — celles que seules les grandes Puissances peuvent (voir et entendre) — (les lignes 1 à 5 manquent) [ . . . . . . . . . . ] . de Di[eu].
[Lorsque se fut appr]oché [l’accomplissement] des cent ans, [on m’accorda] la Bé[a]titude [10] de l’espoir étern[el] rempli de bonté.
Je vis le bon Autoengendré divin et le Sauve[ur], qui est l’Enfant [15] parfait Trois fois m[âl]e, et la Bonté de celui-là, le Premier Manifesté Harmèdôn, Intellect parfait, et la Béatitude du Caché et le [20] premier principe de la Béatitude, l’Éon de Barbélô, rempli de Divinité, et le premier principe de celui qui est sans principe, l’Invisible [25] Esprit Trois fois puissant, le Tout qui est au-delà de la perfection.
Quand la lumière éternelle <m’>eut dépouillé du vêtement qui me couvrait [30] et quand j’eus été élevé dans un lieu saint — dont aucune ressemblance ne peut être manifestée dans le monde — alors par [35] une grande béatitude, je vis tous ceux dont j’avais entendu (parler) et je les bénis tous.
Je me [ti]ns audessus de ma connaissance ; je [me tour]nai vers la Connaissance [des] Touts, l’Éon de Barb[élô]. Et je vis des Puissances [5] s[aintes] par l’intermédiaire des Luminai[res] de Barb[él]ô, la vierge mâle.
Ils me [disaient] : «Ô grande puissance, ô Nom qui est advenu dans le monde, ô Allo[g]ène, [10] vois la Béatitude que tu possèdes comme en silence, par laquelle tu te connaîtras toi-même comme tu es !
Et retire-toi vers la Vitalité, [15] en te tournant vers toi-même, elle que tu verras se mouvoir.
Et si tu ne peux te tenir debout, ne crains rien, mais si tu veux te tenir debout, retire-toi [20] vers l’Existence et tu la trouveras dressée et dans la quiétude, à la ressemblance de celui qui est véritablement dans la quiétude et qui comprend toutes ces choses, [25] dans le silence et la non-activité.
Et si tu reçois une révélation au sujet de Celui-ci au moyen d’une révélation première de l’Inconnaissable, [30] celui que tu parviendrais à connaître, ne le connais pas.
Et si tu prends peur en ce lieu-là, retire-toi, à cause des [35] activités. Et si tu deviens parfait en ce lieu-là, reste dans la quiétude.
Et d’après le modèle qui est en toi, sache donc également [q]u’il en va ainsi en [tous ceux-là] selon le même modèle.
Et [ne] te disperse pas davantage, [de sorte que] tu puisses [te] tenir debout ; [5] [n]i désire non plus être actif de peur que tu ne déchoies tout à f[ai]t [de] la non-activité qui est en [toi] (provenant) de l’[In]connaissable.
Ne cherche pas à le con[na]ître car c’est [10] impossible.
Mais si par une lumineuse pensée tu le connaissais, ne le connais pas».
Or, (alors que) j’écoutais ce que disaient ceux-là, [15] une quiétude silencieuse était en moi.
J’entendis la Béatitude par laquelle je m’étais connu comme <je suis>.
Et je me retirai vers la Vitalité, [20] en me tournant vers elle et je l’accompagnai pour pénétrer auprès d’elle avec elle.
Et je me tins debout non avec fermeté mais paisiblement.
Et je vis un mouvement [25] éternel, intelligible, indivis, qui appartient à toutes les Puissances sans forme, sans limite qui puisse le limiter.
Quand je voulus me tenir debout [30] avec fermeté, je me retirai vers l’Existence que je trouvai dressée et dans la quiétude à l’image et à la
ressemblance de celui dont j’étais revêtu.
[35] Par une révélation de celui qui est indivisible et qui est dans la quiétude, je fus envahi par une révélation.
Par une révélation première de l’Inconnaissable, [comme si] je ne le connaissais pas, je le con[nus], et je reçus de lui puissance, ayant reçu en moi une force [5] [é]ternelle.
Je reconnus celui [qui e]xiste en moi et le Trois fois puissa[nt] et la révé[la]tion de ce qui, de lui, ne peut être saisi.
[Et] par une [ré]vélation première [10] émanant du Premier [In]connu de tous, je vis le Dieu qui est au-delà de la perfection, ainsi que le Trois fois puissant qui existe en tous.
Je cherchais [15] le Dieu ineffable et inconnaissable, — celui que, si jamais on le connaît entièrement, on ne le connaît pas —, le médiateur du [20] Trois fois puissant qui gît dans la quiétude et
dans le silence et qui est inconnu.
Or, quand je fus affermi en ces choses, les Puissances des Luminaires me dirent : [25] «Cesse donc de disperser la non-activité qui est en toi en allant à la recherche des réalités incompréhensibles.
Écoute plutôt ce qui le concerne, dans la mesure [30] du possible, grâce à une révélation première et à une révélation.
Or, il est quelque chose dans la mesure où il est, ou parce qu’il est et sera, [35] ou (parce qu’il) agit ou (parce qu’il) connaît, alors qu’il vit sans avoir d’Intellect, ni de Vie, ni d’Existence, ni de Non-existence, d’une façon (qui nous est) incompréhensible.
[En] outre, il est quelque chose avec [ce] qui lui est propre.
Non plus il n’a de surplus de quelque façon, comme s’il donnait quelque [5] chose qui est éprouvé ou purifié, [ou en] recevant, ou en donnant.
Non plus ne [peut]-il être diminué d’auc[une] façon [soit] par son propre désir, soit en donnant, soit en recevant d’un [10] autre.
Non plus a-t-il un désir provenant de lui-même ou d’un autre — cela ne l’atteint point — mais non plus ne donne-t-il [15] rien de lui-même, de sorte qu’il ne soit diminué d’une autre façon.
C’est pourquoi il n’a besoin ni d’Intellect ni de Vie ni, [20] à vrai dire, de rien.
Il est supérieur aux Touts du fait de son <absence de> besoin et de son
inconnaissabilité, c’est-à-dire l’Existence qui n’est pas, puisqu’il a [25] le silence et la quiétude, de sorte qu’il ne soit pas diminué par ce qui n’est pas diminué.
Il n’est ni Divinité ni Béatitude [30] ni Perfection, mais il est quelque chose d’inconnaissable.
Il (n’est) pas ce qui lui est propre, mais il est autre chose, supérieure à la Béatitude, [35] à la Divinité et à la Perfection. En effet il n’est pas parfait non plus, mais il est quelque chose d’autre, de supérieur.
Il n’est pas non plus illimité ni limité par un [au]tre, mais il est quelque chose [5] de supérieur.
Il n’est pas corporel, il n’est pas incorporel ; il n’est pas grand, il n’est pas [pe]tit ; [il n’est pas] une quantité ; il n’est pas une qua[lité] ; il n’est pas non plus quelque chose [10] qui existe, tel qu’on puisse le connaître, mais il est [quelque] chose de supérieur, tel qu’on ne peut le connaître.
Bien qu’il existe une révélation première [15] et une connaissance de lui, c’est lui seul qui se connaît, puisqu’il [n’] est rien de ce qui existe, mais qu’il est quelque chose qui est supérieur aux réalités supérieures, [20] aussi bien en ce qui lui est propre qu’en ce qui ne lui est pas propre.
Il ne participe pas de l’éternité non plus qu’il ne participe du temps. Il ne reçoit rien non plus de quelqu’un [25] d’autre, ni n’est passible de diminution, ni ne diminue quoi que ce soit, ni non plus n’est passible de non-diminution.
Or celui-là est compréhension de lui-même puisqu’il est quelque chose [30] d’inconnaissable, comme s’il était supérieur aux biens dans l’inconnaissabilité.
Bien qu’il possède béatitude, perfection, [35] et silence, <il n’est> pas le Bienheureux — ni Perfection ni Quiétude —, mais il est quelque chose qui existe, que personne ne peut [con]naître et qui se tient dans la quiétude, mais ce sont des choses inconnaissables pour tous.
Et, par la beauté, il est supérieur [5] à tous ceux [qui] sont bo[ns]. Celui-là, donc, est [inconn]aissable pour tous à tous égards, et, par tous, il [10] est en tous.
Ce n’est pas seulement cette connaissance non connaissante qui lui est propre, il est aussi joint à la non-connais[sance] qui le voit.
Ou [15] <si quelqu’un voit> qu’il est inconnaissable ou si quelqu’un voit comment il est à tous égards, ou si quelqu’un venait à dire à son sujet [20] qu’il est quelque chose qui relève de la connaissance, il commettrait une impiété à son égard, passible de jugement, car il n’a pas connu Dieu.
Il ne saurait être jugé par [25] Celui-ci — qui ne se soucie de rien et qui n’a aucun désir —, mais il (se jugera) lui-même car il n’a pas trouvé l’origine [30] qui existe véritablement.
Il est devenu aveugle, étant en dehors de l’œil de la révélation qui est dans la quiétude.
Celui qui est devenu activité, celui qui dérive du Trois fois [35] puissant, de la Première Pensée, de l’Invisible Esprit, celui qui est tel à partir de 65 (les lignes 1 à 15 manquent) [ . . ] quelque chose . [ . . . . . . . . . . . . . ] . . . . . . [ . . . . . .
C’est dans] la [b]eauté et l’[au]be de quiétude, de silence, [20] de calme et de grandeur dont on ne peut retrouver la trace, qu’il est apparu.
Il n’a pas besoin du temps ni <n’est> issu de l’éternité, mais il est issu de lui-même, [25] de sorte qu’on ne puisse aucunement en retrouver la trace.
Il n’exerce aucune activité non plus sur lui-même, pour être dans un état de quiétude, il n’est pas non plus une
Existence pour ne pas subir de [30] privation.
Il est, d’une part, un corps quand il est dans un lieu, d’autre part, il est incorporel quand il est dans ce qui lui est propre, étant une Existence sans être, alors qu’il existe pour tous [35] n’ayant aucun désir, mais il est suréminence de grandeur et il est supérieur à sa (propre) quiétude, afin de 66 (les lignes 1 à 14 manquent) [15] [ . . . . . . . . . . . . . . ] . ceux [ . . . . . . . . . . . . . . ] vit (?) . . . [ . . ] il donna [ . . . . . . . . . . ] [ . . ] en ce que Celui-là, il ne se soucie de rien.
Non plus si quelqu’un [20] participe de lui, il n’(en) devient plus puissant ; rien non plus n’agit sur lui, en raison de l’unité qui est dans la quiétude, car il est inconnaissable.
Il est en effet le lieu dépourvu de souffle [25] de l’illimité.
Du fait qu’il est sans limite, sans puissance et sans être, ce n’est même pas l’Être qu’il donne, mais il contient tous ceux-là en lui-même étant dans [30] la quiétude et se dressant.
C’est à partir de Celui qui se dresse en tout temps que s’est manifestée la Vie éternelle, l’Esprit Invisible et Trois fois [35] puissant, l’Un qui est en tous ceux qui existent et qui les entoure tous, tout en étant supérieur à tous.
Une ombre (les lignes 1 à 15 manquent) [ . . ] qui fut . . [ . . . . . . . . Il] fut [re]mpli de [puissance et il] se dressa a[vant] e[ux]. Donnant puissance à
tous, il les remplit [20] tous.
Et au sujet de toutes ces choses, tu as entendu un enseignement solide. Garde-toi de chercher davantage, mais va-t-en.
Nous [25] ne savons pas non plus si l’Inconnaissable possède des anges ou des dieux ni si Celui qui se tient dans la quiétude possède quelque [30] chose en lui-même si ce n’est la quiétude elle-même, parce que lui < > de sorte qu’il ne soit pas diminué.
Il ne convient pas non plus que tu perdes davantage de [35] temps à chercher.
Il faudrait que vous ne connaissiez que <lui> seul et qu’on <n’>en parle <pas> avec quelqu’un d’autre.
Mais tu les recevras (les lignes 1 à 15 manquent) [ . . . . . il] me dit : «Écri[s les] choses que je te [di]rai et que je te remémorerai pour ceux qui en seront reconnus dignes [20] après toi ; et tu placeras ce livre sur une montagne et tu invoqueras le Gardien : “viens, ô Terrible !”».
Or après qu’il eut dit ces choses, il se sépara [25] de moi.
Quant à moi, je fus rempli de joie et j’écrivis ce livre.
Il me fut ordonné, ô mon fils Messos, de te dévoiler ce qui [30] avait été proclamé devant moi.
Mais, tout d’abord, je reçus ces choses dans un grand silence, et je me tins debout selon mes possibilités, me préparant.
Voilà ce qui m’a été [35] dévoilé, ô mon fi[ls Messos] (les lignes 2 à 13 manquent) [ . . . . . . . . pro]clame [15] ces [choses, ô mon] fils Me[ss]os.
[Le] sceau de tous [les li]vres d[e] l’Allo[gè]ne.
[20] L’Al[l]ogène.
...
W.K.P
Apocryphes Qumran. Fr
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