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Le tonnerre, intellect parfait




LE TONNERRE, INTELLECT PARFAIT
(NH VI, 2)

Traduction de Paul-Hubert Poirier

[Le] tonnerre, intellect parfait [C’est] de la puissance que, moi, j’ai été envoyée et c’est vers ceux qui pensent à moi que je suis venue et j’ai été trouvée chez ceux qui me cherchent.

Regardez-moi, (vous) qui pensez à moi, et (vous) auditeurs, écoutez-moi.
(Vous) qui êtes attentifs à moi, recevez-moi auprès de vous et ne me chassez pas de devant vos yeux et ne laissez pas votre voix me haïr, ni votre ouïe.
Ne m’ignorez en aucun lieu non plus qu’en aucun temps.

Gardez-vous de m’ignorer !

Car c’est moi la première et la dernière.

C’est moi celle qui est honorée et celle qui est méprisée.

C’est moi la prostituée et la vénérable.

C’est moi la femme et la vierge.

C’est moi la mère et la fille.

Je suis les membres de ma mère.

C’est moi la stérile et ses enfants sont nombreux.

C’est moi celle dont les mariages sont multiples et je n’ai pas pris mari.

C’est moi la sage-femme et celle qui n’enfante pas.

C’est moi la consolation de mes douleurs.

C’est moi la fiancée et le fiancé, et c’est mon mari qui m’a engendrée.

C’est moi la mère de mon père et la sœur de mon mari, et c’est lui mon rejeton.

C’est moi la domestique de celui qui m’a formée.

C’est moi la maîtresse de mon rejeton.

Or c’est lui qui [m’a engendrée] avant le temps dans une naissance prématurée et c’est lui mon rejeton [dans] le temps et ma puissance, elle est issue de lui.

Je suis le bâton de sa puissance dans son enfance [et] c’est lui la canne de ma vieillesse et ce qu’il veut se produit par rapport à moi.

C’est moi le silence qu’on ne peut saisir et la pensée dont la mémoire est riche.

C’est moi la voix dont les sons sont nombreux et la parole dont les aspects sont multiples.

C’est moi l’énoncé de mon nom.

Pourquoi, (vous) qui me haïssez, m’aimez-vous et haïssez-vous ceux qui m’aiment ?

(Vous) qui me reniez, confessez-moi et (vous) qui me confessez, reniez-moi.

(Vous) qui dites vrai à mon sujet, mentez à mon propos, et (vous) qui avez menti à mon propos, dites la vérité à mon sujet.

(Vous) qui me connaissez, ignorez-moi et ceux qui ne m’ont pas connue, qu’ils me connaissent.

Car c’est moi la connaissance et l’ignorance.

C’est moi la honte et l’assurance.

Je suis effrontée.

Je suis réservée.

Je suis hardiesse et je suis frayeur.

C’est moi la guerre et la paix.

Soyez-moi attentifs, moi , l’avilie et la notable !

Soyez attentifs à ma [pau]vreté et à ma richesse !

[Ne] soyez pas méprisants à mon égard alors que je gis sur la terre [et] vous me trouverez chez [ceux] qui doivent venir.

Si vous me voyez sur le fumier, ne passez pas non plus et ne me laissez pas gisante, et vous me trouverez dans les royaumes.

Si vous me voyez alors que je gis chez ceux qui sont avilis et dans les lieux les plus humbles, ne vous moquez pas non plus de moi.

Ne me rejetez pas non plus avec sévérité chez ceux qui sont déficients.
Or moi, je suis compatissante et je suis impitoyable.

Gardez-vous de haïr mon obéissance, et ma continence aimez-la.

Dans ma faiblesse, ne m’oubliez pas et ne craignez pas devant ma puissance.

Pourquoi, en effet, dédaignez-vous ma frayeur et maudissez-vous ma jactance ?

Or c’est moi qui suis dans toutes les craintes et (c’est moi) la hardiesse dans le tremblement.

C’est moi celle qui est maladive et c’est en un lieu agréable que je suis saine.

Je suis sotte et je suis sage.

Pourquoi m’avez-vous haïe en vos délibérations ? Parce que je me tairai, moi, en ceux qui se taisent ? Mais je me manifesterai et parlerai.

Pourquoi donc m’avez-vous haïe, (vous) les Grecs ?

Parce que je suis une barbare parmi [les] Barbares ?

Car c’est moi la sagesse [des] Grecs et la connaissance [des] Barbares.

C’est moi le jugement [des] Grecs ainsi que des Barbares.

C’est [moi] (celle) dont les formes sont nombreuses en Égypte et celle qui n’a pas de forme chez les Barbares.

C’est moi (celle) qui fut haïe en tout lieu et celle qui fut aimée en tout lieu.

C’est moi (celle) qu’on appelle «la vie» et vous (m’)avez appelée «la mort».

C’est moi (celle) qu’on appelle «la loi» et vous (m’)avez appelée «la non-loi».

C’est moi celle que vous avez poursuivie et c’est moi que vous avez saisie.

C’est moi celle que vous avez dispersée et vous m’avez rassemblée.

C’est moi (celle) devant qui vous avez eu honte et vous avez été impudents à mon égard.

C’est moi (celle) qui ne célèbre pas de fête et c’est moi (celle) dont les fêtes sont nombreuses.

Moi, je suis une sans-dieu et c’est moi (celle) dont les dieux sont nombreux.

C’est moi que vous avez reconnue et vous m’avez méprisée.

Je suis sans instruction et c’est de moi que l’on reçoit l’instruction.

C’est moi celle que vous avez dédaignée et vous me reconnaissez.

C’est moi dont vous vous êtes cachés et vous m’êtes manifestés.

Or quand vous vous cacherez, moi-même, je me manifesterai.

Car [quand] vous vous [manifesterez à moi], moi-même, [je me cacherai] de vous.

Ceux qui (+ parfait) [ . . . . . . . . . ] par le [ . . . . ] 

[ . . . . . ] dans la fo[lie et le/la . . . . ].

Enlevez-moi [de] leur science hors de la peine et recevez-moi [auprès] de vous hors de la science [dans la] peine, recevez-moi auprès de vous hors des lieux avilis et dans le créé, et saisissez(-moi) hors des choses bonnes quoique dans la disgrâce.

Hors de la honte, recevez-moi auprès de vous avec impudence, et hors de l’impudence, avec honte.

Reprenez mes membres en vous et élancez-vous jusqu’auprès de moi,  (vous) qui me connaissez et qui connaissez mes membres, et établissez les grandes (choses)  dans les petits premiers-créés.

Élancez-vous vers l’enfance et ne la haïssez pas parce qu’elle est chétive et (qu’)elle est petite, ni ne détournez des grandeurs individuelles loin des petites (choses).

Car c’est à partir des grandeurs que l’on connaît les petites (choses).

Pourquoi me maudissez-vous et m’honorez-vous ?

Vous avez frappé et vous avez épargné.

Ne me séparez pas des premiers, ceux que vous avez [connus],  [ni] ne jetez personne [dehors], [ni ne] détournez personne loin de [ . . . . . . . . . . . . ].

Détournez-vous [ . . . . . . ] [ne le con]naissent (ou : connaît) pas.
Moi (?) [ . . . . . ] [ . . . . ] celle qui [est] mienne [ . . . . . ].

Je connais, moi, les premiers, et ceux qui sont après eux, ils me connaissent.

Or c’est moi l’intellect [parfait] et le repos du [ . . . . . . ].

C’est moi la connaissance de ma recherche et la découverte pour ceux qui me cherchent et le commandement pour ceux qui me sollicitent et la puissance : pour les puissances, par ma connaissance ; pour les anges qui ont été envoyés, par ma parole ; et (pour) les dieux parmi les dieux, par mon conseil ; et les esprits de tous les hommes, c’est avec moi qu’ils sont
et les femmes, c’est en moi qu’elles se trouvent.

C’est moi celle qui est honorée et celle qui est bénie et celle qui est dédaignée avec mépris.

C’est moi la paix et c’est à cause de moi que la guerre s’est produite, et je suis une étrangère et une citoyenne.

C’est moi l’essence et celle qui n’a pas d’essence.

Ceux qui proviennent de mon commerce, ils ne me connaissent pas et ce sont ceux qui se trouvent dans mon essence qui me connaissent.

Ceux qui sont proches de moi, ils ne m’ont pas connue et ce sont ceux qui sont loin de moi qui m’ont connue.

C’est au jour où je suis proche de [vous] que [je suis] loin de [vous] [et] c’est au jour où je [suis loin]de [vous] [que je suis proche] de vous.
[C’est] moi [ . . . . . . . ] lampe du cœur et [ . . . . . . . . . ] des natures.

C’est [moi . . . . . . . ] de la création des esp[rits] [et la] requête des âmes.
C’est [moi] la domination et la sans-retenue.

C’est moi l’union > et la rupture.

C’est moi la permanence et c’est moi la dispersion.

C’est moi la descente et c’est vers moi que l’on montera.

C’est moi la sentence et l’acquittement.

Moi, je suis sans péché, et la racine du péché, elle est issue de moi.

C’est moi la concupiscence par la vision et la maîtrise du cour,  c’est en moi qu’elle se trouve.

C’est moi l’audition qui est recevable pour quiconque, ainsi que la parole qui ne peut être saisie.

Je suis une muette qui ne parle pas, et abondante est ma loquacité.

Écoutez-moi avec douceur et recevez à mon sujet l’instruction avec rudesse.

C’est moi qui pousse un cri et c’est sur la face de la terre que je suis jetée.

C’est moi qui prépare le pain ainsi que < . . . >
 < . . . > mon intellect à l’intérieur.

C’est moi la connaissance de mon nom.

C’est moi qui crie et c’est moi qui entend.
Je suis manifestée et [ . . . . . . . . ].

[Je] marche dans le/la [ . . . . . . ] [ . . . . . . ] des énoncés de mon/ma [ . . . . . . . ] [ . . . . . . le si]gne de la réfutation [ . . . . . . . . ] [ . . . . . . . ].

C’est moi [le juge], c’est [moi] le plaidoyer [ . . . . . . . ].

C’est moi (celle) qui est appelée «la justice», et «la violence» [est mon nom].

Vous m’honorez, [(vous) qui avez vaincu] et vous murmurez contre [moi, (vous) qui êtes] vaincus.

Jugez-les avant qu’ils ne vous jugent, car le juge comme la partialité, c’est en vous qu’ils résident.

Si vous êtes condamnés par celui-ci, qui vous acquittera ?

Ou si vous êtes acquittés par lui, qui pourra se saisir de vous ?

Car ce qui est à l’extérieur de vous est ce qui est à l’intérieur de vous ; et celui qui donne forme à l’extérieur de vous, c’est à l’intérieur de vous qu’il s’est imprimé, et ce que vous voyez à l’extérieur de vous, vous le voyez à l’intérieur de vous ; il est manifeste et c’est votre vêtement.

Écoutez-moi, auditeurs, et recevez l’instruction au sujet de mes paroles, (vous) qui me connaissez.

C’est moi l’audition qui est recevable en toute chose.

C’est moi la parole qui ne peut être saisie.

C’est moi le nom de la voix et la voix du nom.

C’est moi le signe de l’écriture et la manifestation de la séparation, et [c’est (?)] moi (les lignes 1 à 3 manquent) [ . . . . . ] la lumière [ . . . . . . ]

[ . . . . . . . ] et l’om[bre].

[Écoutez-moi], auditeurs [ . . . . . ] [recevez-moi] auprès de vous.

Il est vi[vant (+ sujet) . . ] [ . . . . ] de la grande puissance et celui [qui se tient debout] n’ébranlera pas le nom.

[C’est celui qui se tient] debout qui m’a créée.

Quant à moi, je dirai son nom.

Voyez donc ses paroles ainsi que toutes les écritures qui sont accomplies.

Soyez donc attentifs, auditeurs, et vous aussi, les anges, ainsi que ceux qui ont été envoyés, et les esprits qui se sont levés d’entre les morts, parce que c’est moi qui seule existe et je n’ai personne qui me jugera.

Car ceux qui se trouvent dans de multiples péchés sont de nombreuses formes douces ; et ce sont des dérèglements ainsi que des passions viles et des plaisirs éphémères qui les retiennent jusqu’à ce qu’ils redeviennent sobres et qu’ils se hâtent vers leur lieu de repos.

Et ils me trouveront en ce lieu-là, ils vivront et ils ne mourront plus.


...


W.K.P
Apocryphes Qumran. Fr

 




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