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La sagesse de Jésus-Christ

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LA SAGESSE DE JÉSUS-CHRIST
(BG 3 ; NH III, 4)

Traduction de Catherine Barry


77 La Sagesse de Jésus le Christ

Après sa résurrection d’entre les morts, ses douze disciples et sept femmes, qui étaient assidus à son enseignement, montèrent en Galilée sur la montagne dite « de moisson et de joie ». 

Comme ils étaient perplexes au sujet du fondement du tout, de l’économie, de la providence sainte, de la vertu des autorités, au sujet de toutes choses que le Sauveur avait accomplies parmi eux — mystère de l’économie sainte —, le Sauveur se manifesta à eux, non pas sous sa forme première, mais en (celle de) l’esprit invisible.

Son apparence était comparable à celle d’un grand ange lumineux. Je ne puis décrire son aspect ; nulle chair mortelle ne peut en être le support, sauf une chair parfaitement pure, d’un caractère spécifique, comme celle qui nous l’a fait connaître sur le mont dit « des Oliviers », en Galilée. 

Il dit : « Paix à vous ! La paix qui est la mienne, je vous la donne ! »

Ils furent tous saisis d’étonnement et prirent peur.

Le Sauveur sourit et leur dit : « Sur quoi méditez-vous ? Pourquoi êtes-vous dans le doute ? Que cherchez-vous ? »

Philippe répondit : « (Nous méditons) sur le fondement du tout et l’économie du Sauveur ».

Il reprit : « Je veux que vous sachiez tous que (les hommes) engendrés sur la terre, depuis la fondation du monde jusqu’à maintenant, n’ont pas trouvé Dieu, bien qu’ils aient pensé à chercher qui il est et comment il est. Parmi eux, les sages firent des spéculations basées sur le gouvernement du monde et (son) mouvement ; mais leurs spéculations ne sont pas parvenues à saisir la vérité.

« Car chez tous les philosophes, on dit du gouvernement qu’il est organisé de trois façons. C’est sur cette question qu’ils sont en désaccord. Certains d’entre eux disent qu’il est un esprit saint par lui-même, d’autres qu’il est providence, d’autres encore qu’il est fatalité. Mais il n’en est rien. Aucune de ces trois opinions déjà exprimées par les hommes engendrés sur la terre n’est conforme à la vérité.

« Or moi, c’est de la lumière infinie que je suis venu, moi qui la connais, pour vous enseigner l’exacte vérité. Ce qui tire de soi-même son existence a une vie mauvaise. Ce qui s’accomplit est la providence ; mais elle est dépourvue de sagesse. La fatalité, d’autre part, n’est pas dotée de perception. Quant à vous, il vous est accordé d’avoir la connaissance, avec ceux qui en sont dignes. Et cette connaissance sera donnée à ceux que n’a pas engendrés la semence de l’acte impur, mais (qu’a engendrés) le premier envoyé, parce qu’il est immortel au milieu des hommes mortels ».

Matthieu lui dit : « Christ, personne ne peut trouver la vérité, sinon par ton intermédiaire. Enseigne-nous donc la vérité ».

Le Sauveur répondit : « Celui qui est, l’Indicible, nulle principauté ne l’a connu, nulle autorité, nul pouvoir subalterne, nulle puissance, nulle créature depuis la fondation du monde ne l’a connu jusqu’à maintenant, si ce n’est lui seul et aussi celui qui lui plaît, grâce à moi qui suis venu de la lumière primordiale. Dès maintenant il se fera connaître à vous par mon intermédiaire. C’est moi le grand Sauveur.

« (L’indicible) est immortel. Il est éternel, parce qu’il est sans engendrement, car quiconque est engendré périra. Or l’Inengendré n’a pas de commencement, car quiconque a un commencement a une fin. Et personne ne règne sur lui. Il n’a pas de nom, car celui qui a un nom est la rédemption d’un autre. Il est innommable. Il n’a pas de forme humaine, car celui qui a une forme humaine est la créature d’un autre. Il a une apparence spécifique, non pas comme vous en avez vu ni comme vous en avez reçu, mais une apparence étrangère, transcendant toutes réalités et supérieure aux totalités, dotée de perceptions illimitées, qui se contemple elle-même.

« Il est illimité. Il est incorruptible. Il est insaisissable. Il possède la pérennité. Rien ne lui ressemble. Il est bienveillant et immuable. Il est indéfectible. Il est éternel. Il est bienheureux. Il est inconcevable. Il se conçoit lui-même. Il est incommensurable. Il est inaccessible. Il est parfait puisque sans déficience.

Il est bienheureux et sans impureté. C’est “le Père du tout” qu’on l’appelle ».

Philippe dit : « Christ, comment s’est-il donc fait connaître aux parfaits ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Avant que quiconque <des> existants n’ait accédé à l’existence, c’est en lui que demeurent la grandeur et les autorités et sans que quiconque ne le contienne qu’il contient les touts du tout. Il est en effet totalement intellect. Il est conception. Il est pensée et réflexion. Il est dessein et puissance. Tous sont équivalents les uns aux autres sous l’angle de la puissance à la source des touts. Et tout ce qui vint à l’existence, depuis le commencement jusqu’à l’<achèvement>, avait (d’abord) existé dans la connaissance primordiale de ce Père illimité et inengendré ».

Thomas lui dit : « Christ Sauveur, pourquoi sont-ils venus à l’existence et pourquoi se sont-ils fait connaître ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Moi, je suis sorti de l’Illimité pour vous enseigner tout. L’Esprit qui existe était un géniteur possédant une puissance génératrice et une essence formatrice, afin que vînt à l’existence la grande richesse qu’il avait découverte en lui. En raison de sa bienveillance et de son amour, il voulut engendrer des fruits de par lui-même, afin de ne pas profiter seul de sa bonté, mais pour que d’autres esprits de la race inébranlable pussent engendrer corps, fruit, gloire, incorruptibilité ainsi que sa grâce infinie. En conséquence, le Dieu inengendré, le Père de toutes les incorruptibilités et de ceux qui les ont suivies, fera connaître son bienfait. Ils n’étaient pas encore parvenus à l’existence. Mais il y a une différence importante entre ces incorruptibles ».

Il criait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende les incorruptibles ! Moi, je m’adresserai aux éveillés. » 

À nouveau il reprit et dit : « Tout être né du corruptible se corrompra parce que c’est du corruptible qu’il est né. Celui qui est né de l’incorruptibilité ne se corrompt pas, mais existe en tant qu’incorruptible, parce que c’est de l’incorruptibilité qu’il est né. Comme une foule d’hommes furent dans l’erreur pour n’avoir pas compris cette différence, ils sont morts ».

Marie lui dit : « Christ, comment connaîtra-t-on (la différence) ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Venez-en à l’achèvement des engendrés en partant des préexistants, et l’émanation de la pensée vous révélera comment la confirmation des préexistants fut trouvée dans les engendrés appartenant au Père inengendré.

« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! Le Seigneur du tout, on ne le dit pas “Père”, mais “Pro-Père”. Il est en effet le Père du commencement de ceux qui doivent venir à l’existence. Il est le Pro-Père sans commencement. Parce qu’il se contemple (comme) dans un miroir, il se dévoile en se représentant lui-même.

« Quant à sa représentation, elle vint à l’existence en tant que Pro-Père, Père divin et Face-à-face, puisqu’il fait face à celui qui est depuis le commencement, le Père inengendré. Il est d’une part coexistant à la lumière qui est son Face-à-face, mais ne lui est pas équivalent en puissance.

« Et après lui apparut une multitude de Face-à-face tous autogénérés, coexistants, d’égale puissance, glorieux et innombrables. Leur descendance est appelée “la Race sans roi” ; c’est en elle que vous êtes venus à l’existence. Ces hommes qui relèvent du lieu sans roi, <on> les appelle “l’Inengendré, le Dieu, le Sauveur des fils de Dieu”, ce Dieu qui vous est inconcevable.

« Quant à cet inconcevable, c’est de toute gloire, d’incorruptibilité et de joie indicible qu’il est rempli. Tous se reposent en lui, sans cesse réjouis d’une joie indicible, de sa gloire immuable et d’une allégresse incommensurable. On n’a jamais entendu parler de lui et on ne l’a pas même conçu dans tous les éons et leurs ordonnances jusqu’à maintenant ».

Matthieu lui dit : « Comment l’Homme est-il venu à l’existence ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Je veux que vous sachiez que le Père né-de-lui-même, créé-de-lui-même, celui qui se révéla avant tout, dans l’infini, plein de lumière irradiante, indicible, a conçu le commencement pour que sa représentation accède à l’existence comme une grande puissance.

Spontanément, la lumière de ce commencement se révéla en un premier Homme immortel androgyne, afin que, par cet immortel, les hommes pussent atteindre le salut et s’éveiller de l’oubli grâce à l’interprète envoyé qui est auprès de vous jusqu’à ce que prenne fin la pauvreté des brigands. Sa compagne est la Sagesse, la grande, destinée par le Père autogénéré, depuis le commencement en lu[i], à (former) une union.

« De par l’Homme immortel, donc, nous commençâmes à faire connaître divinités et royautés. Car le Père appelé “l’Homme-père-de-lui-même” se révéla. Il se fonda un grand éon nommé “Ogdoade”, d’après sa grandeur. Il conféra à (l’Homme) une grande autorité et celui-ci régna sur les créatures de la pauvreté. Il se créa des dieux, des anges et des archanges, des myriades innombrables pour (son) culte, grâce à la lumière et à l’esprit trois fois mâle, c’est-à-dire celui de 5 Sagesse, sa compagne. Ce Dieu marque en effet le commencement de la divinité, ainsi que de la royauté. Voilà pourquoi on le bénit : “Dieu des dieux et Roi des rois”.

« Le premier Homme est doté d’un intellect qui lui est spécifique et d’une pensée qui est sa pareille : une conception, une réflexion, un dessein et une puissance. Tous ces membres [venus à l’existence] sont [par]faits et [immortels]. Sous l’angle de l’incorruptibilité, certes, ils sont équivalents ; sous l’angle de la puissance, en revanche, ils diffèrent, d’une distinction comparable (à celle) d’un père à un fils, d’un fils à une pensée et d’une pensée au reste.

« Et comme je l’ai déjà dit, la monade n’appartient pas aux premiers engendrés. Alors, à la fin, celui qui se sera totalement fait connaître aura révélé toutes réalités à partir de sa puissance. D’après celui qui se créa totalement se révéla celui qui fut totalement modelé. Selon celui qui fut modelé se fit connaî[tre] celui qui prit apparence ; à la suite de celui qui prit apparence existe celui qu’on a nommé. Par lui advint la différence aux inengendrés, du premier jusqu’au dernier d’entre eux ».

Alors Barthélemy lui dit : « Comment a-t-on appelé l’Homme et le fils de l’Homme dans l’Évangile ? Et ce fils, de qui est-il ? »

Celui qui est saint répondit : « Je veux que vous compreniez qu’il est le premier Homme et qu’on l’appelle “le Géniteur, leur Intellect”. [Il co]nçut avec [la mère, la S]agesse sa c[om]pagne, et donna vie à son fils, le premier géniteur androgyne dont le nom masculin est “Premier-Géniteur”, “le Fils de Dieu” — c’est-à-dire le Christ. Son nom féminin est “Première-Génitrice”, “la Sagesse”, “la Mère du tout” ; certains l’appellent “l’Amour”.

« Le premier géniteur, on l’appelle “le Christ”. Parce qu’il détient l’autorité de par son père, il se créa une multitude d’anges innombrables pour (son) [service], grâce à l’[esprit et à la] lumière ».

Ses disciples lui dirent : « Christ, instruis-nous sur le Père appelé “l’Homme”, afin que nous aussi nous connaissions exactement sa gloire ».

Le Sauveur parfait répondit : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! Le Père, le premier géniteur, on l’appelle “Adam, l’)œil de la lumière” parce qu’il a jailli de la lumière. Tout son royaume appartient à la lumière irradiante et à ses anges saints, [indicibles] et [sans ombre]. Ils jubilent, sans cesse se réjouissant en leur (faculté de) conception reçue de leur Père.

« Or le royaume appartient au fils de l’Homme qu’on appelle “le Christ”. C’est de joie indicible et sans ombre, ainsi que d’allégresse indéfectible, qu’il est rempli tout entier. Alors ils jubilent sans cesse de sa gloire incorruptible. On a encore jamais entendu parler de lui : il ne s’est pas fait connaître chez les éons qui les ont suivis selon leurs ordon[nances. C’est lui qui] est sorti de [l’Autogé]néré et de la première lumière de l’Illimité pour vous enseigner tout cela ».

À nouveau ses disciples dirent : « Christ, dis-nous clairement comment les préexistants <sont descendus> depuis les immortels vers le monde mortel ».

Le Sauveur parfait répondit : « Le fils de l’Homme se mit d’accord avec la Sagesse, sa compagne, et se fit connaître comme une [grande lumière] andro[gyne. So]n aspect masculin, d’une part, est appelé “le Sauveur”, “le Géniteur universel”. Par ailleurs, son aspect féminin c’est “la Sagesse”, “la Génitrice universelle” ; certains l’appellent “la Confiance”.

« Quiconque doit venir au monde est envoyé par lui comme une goutte venant de la lumière vers le monde du souverain universel, afin d’être gardé par celui-ci. Alors le lien de son oubli l’attache selon la volonté de Sagesse, [pour que l’]œuvre (de cette dernière) se fasse [connaître au] monde entier en (sa) p[au]vreté, à cause de son orgueil, de son aveuglement et de son ignorance. Car on lui a donné le nom (de Dieu). 

« Moi, je suis sorti des lieux d’en haut de par la volonté de la grande lumière. J’ai délié cette création, j’ai rompu l’œuvre du tombeau des brigands, j’ai redressé cette goutte envoyée par la Sagesse, pour qu’elle donnât des fruits abondants grâce à moi, qu’elle devînt parfaite, ne fût plus déficiente mais fécondée par moi, le grand Sauveur. En conséquence la gloire (du Père) se révélera et on louera aussi la Sagesse, (précisément) en raison de la déficience qui ne cherche plus. Alors ses fils ne seront plus (réduits) à la déficience, mais parviendront à l’honneur et à la gloire, monteront jusqu’à leur Père et connaîtront la voie des paroles de la lumière.

« Quant à vous, le fils vous envoie ! Il est envoyé pour que vous receviez la lumière, sortiez de l’oubli des autorités, ne consommiez plus l’acte impur — conséquence de l’état charnel (des hommes) attribuable à la jalousie (de Yaldabaôth) — et piétiniez sa providence ».

Thomas lui dit alors : « Christ Sauveur, combien y a-t-il d’éons au-dessus des cieux ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Je vous approuve dans votre recherche des grands éons, parce que vos racines sont justement dans ces (éons) illimités.
« Après la venue à l’existence de ceux dont j’ai déjà parlé, le Père autogénéré commença à se créer douze éons, c’est-à-dire douze anges, pour (son) service. Tous sont parfaits et bons. C’est par eux que naquit la déficience en la femme ».

Ils lui dirent : « Combien y a-t-il d’éons immortels à partir des illimités ? »

Le Sauveur parfait répondit : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! Le premier éon appartient au fils de l’Homme qu’on appelle “le Premier Géniteur”, qu’on appelle “le Sauveur”, celui qui s’est fait connaître. Le deuxième éon appartient à l’Homme appelé “Adam, l’œil de la lumière”.

Celui qui les contient est l’éon sans roi du Dieu éternel, illimité. L’éon autogénéré, (lieu) des éons qui demeurent en son sein — les immortels dont je viens de parler — est au-dessus de l’Hebdomade qui vint à l’existence hors de la Sagesse, laquelle est le premier éon.

« Quant à l’Homme immortel, il donna vie aux éons, ainsi qu’aux puissances et aux royautés, et il conféra l’autorité à tous ceux qui trouvèrent en lui l’existence, pour qu’ils accomplissent leurs volontés jusqu’aux derniers, soit ceux qui sont au-dessus du chaos.

« Et ceux-là se mirent d’accord les uns avec les autres. <Ils> révélèrent toute grandeur et, grâce à l’esprit, une multitude lumineuse, pleine de gloire et innombrable. On la nomma au commencement : “le premier éon”, “le deuxième éon” et “le troisième éon”. Le premier éon est appelé “Unité et Repos”.

Chacun a son nom, du fait qu’on ait donné le nom d’“Église” aux trois éons. Car depuis la foule nombreuse qui vint à l’existence hors de l’Un, une multitude apparut. Or ces foules [s’]unissent pour devenir u[ne. V]oilà pourquoi ils sont dits “Église”, d’après cette Église transcendante.

« Et voici pourquoi l’Église, l’Ogdoade manifestée, a reçu un nom masculin et un nom féminin : c’est en raison de son androgynie. Son aspect masculin, d’une part, on l’appelle “Église”. Son aspect féminin, par ailleurs, on le nomme “Vie”, pour que l’on sache que c’est grâce à la femme que [to]us ces éons parvinrent à la vie.

« Tous les noms [on]t été reçus depuis le [com]mencement. Par suite, en effet, de son accord avec sa pensée, ils commencèrent à se manifester en tant que puissances qu’on a appelées “Dieu”. Et les dieux des dieux, grâce à la réflexion, révélèrent les dieux des dieux. Les dieux, par leur réflexion, révélèrent les christs de Christ. Les christs des christs révélèrent des desseins. Puis les christs, à partir de leur puissance, révélè[r]ent des archan[ge]s. Et les archanges, par leurs paroles, [r]évélèrent des anges. 

Après eux, j’ai vu une manifestation, une configuration, une apparence et un nom pour tous les éons et leurs ordonnances.

« Quant aux immortels dont je viens de parler, ils ont autorité de par la puissance de l’Homme immortel appelé “le Silence”, (parce que) c’est par une conception sans parole qu’il a achevé toute sa grandeur. Comme les incorruptibles [d]étiennent l’autorité, ils se c[r]éèrent un gran[d] royaume, chacun d[a]ns son Ogdoade et son firmament, ainsi que des trônes et des temples assujettis à leurs grandeurs. Tout cela advint dans le désir de la mère du tout ».

Les apôtres saints lui dirent alors : « Christ Sauveur, révèle-nous ceux qui appartiennent à ces éons, parce qu’il nous est nécessaire de les chercher ».
Le Sauveur par[f]ait répondit : « Si vous cherchez toutes ces [ch]oses, je [vo]us les dirai. Ils se créèrent des légions d’anges, des myriades innombrables pour (leur) culte et (leur) gloire. Ils créèrent des esprits virginaux, lumineux, indicibles et sans ombre. Il n’y a pour eux ni douleur ni impuissance, mais il n’y a que désir. Alors, spontanément, ils parvinrent à l’état suivant : les éons, les cieux et le firmament furent achevés, pour la gloire de l’Homme immortel et de la Sagesse, s[a] compagne. (C’est) le lieu [où] prirent forme tous les éons et les o[rd]onnances 5 venues à l’existence après eux. Ils y prirent forme pour créer. Tels sont les cieux et le chaos ainsi que leurs ordonnances.

« Or toutes natures, depuis l’apparition du chaos, (reposent) dans la lumière irradiante, sans ombre, dans un état de joie indicible et d’allégresse ineffable, sans cesse à jubiler d[e] sa gloire inaltérable et de son re[po]s incommensurable. On ne peut exprimer cela chez tous les éons venus à l’existence après eux avec toutes leurs puissances. Si je viens de vous parler de ces (éons), c’est pour que vous irradiiez de lumière encore plus qu’eux ».

Marie lui dit : « Christ saint, tes disciples, d’où sont-ils venus ? Où iront-ils ? Et que font-ils ici ? »

Le Sauveur parfait leur répondit : « Je veu[x] que vous compreniez que la [Sa]gesse, la mère de ces to[uts], révélera le bienf[ait] (du Père). Puisse-t-il se révél[er] avec sa miséricorde et son impénétrabilité !

« Il créa le voile entre les immortels 10 et ceux qui vinrent à l’existence après eux, afin que le destin suivît tous les éons et le chaos, que vécût la déficience de la femme et qu’elle vînt à l’existence, l’erreur combattant à ses côtés. Rejetés hors des éons d’en haut, ils devinrent des voiles spirituels, en tant qu’émanations lumineuses. Comme je l’ai déjà dit, c’est de la lumière et de l’esprit qu’une goutte descendit vers les régions inférieures assujetties au souverain universel du chaos, pour que ce dernier animât leurs modelages grâce à cette goutte. Pour l’Archigéniteur appelé “Yaldabaôth”, cela implique un jugement.

« La goutte accéda à leurs modelages par le souffle, pour transmettre une âme vivante ; elle se flétrit et s’endormit dans l’oubli de l’âme. Après le réchauffement de la goutte au souffle de la grande lumière mâle, (l’homme modelé) conçut des desseins. C’est de cet immortel que tous les êtres du monde du chaos et toutes choses contenues en lui ont reçu nom, après son insufflation. Quand ils vinrent à l’existence dans le désir de la mère, la Sagesse, pour que l’homme immortel revêtît les vêtements de ce monde — cela pour que soient jugés (les archontes) en tant que brigands —, ils accueillirent avec joie le souffle de ce souffle-là. En raison de son état psychique, (l’homme modelé) ne put posséder cette puissance pour lui-même jusqu’à ce que fût complété le nombre du chaos.

« Dès l’accomplissement du moment propice imparti par le grand ange, moi, je vous ai instruits sur l’homme immortel et je l’ai affranchi des liens des brigands. J’ai brisé à leur face les portes des impitoyables et j’ai humilié leur providence. Tous furent pris de honte et se réveillèrent de leur oubli. 

« Voici pourquoi je suis venu ici : pour qu’ils se réunissent avec cet esprit-là et avec le souffle et pour que de deux ils deviennent un seul, comme au commencement, pour que vous donniez des fruits abondants et montiez vers Celui qui est depuis le commencement, avec une joie indicible, avec gloire, honneur, et avec la grâce du Père du tout.

« Qui connaît le Père, donc, d’une connaissance sainte, c’est jusqu’au Père qu’il ira. Alors il se reposera dans ce Père inengendré. Quant à qui le connaît dans la déficience, qu’il demeure dans la déficience et qu’il <repose> dans l’Ogdoade ! Qui connaît l’esprit immortel, lumière silencieuse, grâce à la conception et à l’assentiment, en vérité, qu’il m’apporte des signes de cet invisible et il deviendra lumineux dans l’esprit du silence. Qui connaît le fils de l’Homme en connaissance et en amour, qu’il m’apporte un signe du fils de l’Homme et il ira en son lieu, avec ceux de l’Ogdoade.

« Voilà que je <vous> ai enseigné le nom du Parfait, tout le désir des anges saints et de la mère, afin que la foule mâle fût ici achevée, qu’elle se manifestât dans tous les éons, depuis les illimités jusqu’à ceux qui vinrent à l’existence dans la richesse inaccessible du grand Esprit invisible. En conséquence, tous recevront de sa bonté et de la richesse non soumise à la royauté, (celle) de leur lieu de repos.

« Moi, si je suis sorti du premier envoyé, c’est pour vous révéler ce qui est depuis le commencement, (et) à cause de l’orgueil de l’Archigéniteur et de ses anges qui se disent des dieux. Moi, si je suis venu, c’est pour les corriger de leur aveuglement, pour enseigner à chacun le Dieu régnant sur le tout.

« Quant à vous, piétinez leurs tombeaux et humiliez leur providence, brisez leur joug et redressez ce qui est mien ! Car je vous ai conféré l’autorité sur toutes choses, en tant que fils de la lumière, pour piétiner leur puissance de vos pieds ».

Ces paroles, le bienheureux Sauveur les a dites. Puis il leur devint invisibl[e]. En l’esprit, ils furent dans une grande joie indicible.
Depuis ce jour, ses disciples commencèrent à prêcher l’Évangile de Dieu, le Père éternel, à jamais incorruptible.

La Sagesse de Jésus le Christ.

...


W.K.P
Apocryphes Qumran. Fr

 









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